Les travailleurs sans papiers reçus par l’ambassade du Maroc

Dans le prolongement de la campagne « Racket sur les cotisations des travailleur(se)s sans papiers », à laquelle se sont désormais ralliées 45 organisations, les travailleurs sans papiers ont été reçus par les autorités marocaines le 12 septembre 2011. Au total, depuis le début de l’année, six ambassades et consulats ont ainsi été interpellés. Voici le compte rendu de Stéphane, camarade de Sud Travail/Solidaires :


« La délégation (8 personnes) était composée des organisations suivantes : Droits Devant !, ATMF, CSP Vitry, Comité St Just 17e, Sud travail/Solidaires.

Nous avons été reçus par quatre membres de l’ambassade :

  • M. DALAL Yassine, Conseiller chargé des Affaires Générales et Publiques,
  • Mme EL OUALI Habiba, Attaché Social Affaires Sociales, Consulaires et Culturelles,
  • M. ZIERI, Conseiller Social,
  • une quatrième personne dont nous n’avons eu ni le nom ni la qualité.

M. DALAL a été notre interlocuteur quasi-unique pendant l’entretien.

L’accueil a été difficile car il a été exigé que nous présentions des pièces d’identités… Il nous a été dit qu’il s’agissait d’une procédure obligatoire et que seul ceux qui présentaient leurs papiers pourraient participer à l’entretien. M. DALAL a précisé que nous aurions réagi différemment si nous étions à l’ambassade des Etats-Unis ou de la Grande Bretagne…

Certains d’entre nous ont présenté leurs papiers, ce qui a calmé la situation et tout le monde a finalement pu participer à l’entretien.

Nous avons rappelé les principes de la campagne racket et nos actions en direction des consulats et des autorités françaises. Nous avons insisté sur la complicité des autorités qui délivraient des laissez-passer.

M. DALAL a d’abord rappelé la souveraineté des états français et marocain. Selon lui, sur le territoire français, les autorités marocaines sont obligées d’appliquer la politique de la France, même en y étant opposé. Pour lui, les sans-papiers bénéficient de recours et notamment de la possibilité de saisir la Cour Européenne des Droits de l’Hommes…

Il a vivement contesté la notion de complicité et a déclaré : « Nous n’avons pas à avoir honte de notre politique migratoire ».

M. DALAL a répété à plusieurs reprises que le Maroc a des « engagements » à tenir vis à vis de la France (« Nous avons des accords et nous devons les respecter », « Veiller au respect des engagements du Maroc fait partie de notre métier »). Pourtant, M. DALAL s’est parallèlement félicité que le Maroc ne soit pas signataire d’un accord bilatéral d’immigration avec la France. On est donc en droit de se demander à quels engagements il se réfère.

Il nous a précisé, que dans ce cadre, les services consulaires font de leur mieux pour protéger leurs concitoyens et que c’est « le cœur déchiré » que se fait la délivrance des laissez-passer.

Nous n’avons pu obtenir ni chiffre, ni critère dans le traitement des dossiers. M. DALAL a néanmoins souligné que les autorités françaises leur font savoir qu’ils ne délivrent pas assez de laissez-passer et que leur procédure est trop longue.

Il s’est félicité qu’en 2007, les autorités marocaines aient été considérées comme « mauvaises de la classe » par les autorités françaises… tout en reconnaissant que l’année 2008 a été une année de forte augmentation dans la délivrance des laissez-passer.

L’idée de refuser la délivrance des laissez-passer tant que la France ne rembourse pas les cotisations versées a semblé l’intéresser mais rien ne garantit qu’il en fera usage.

Au final il déclare trouver ces expulsions injustes et s’associer sur le plan humain à notre discours mais souligne que le Maroc est un état responsable et que « la responsabilité c’est aussi prendre des décisions à contrecœur ».

Nous avons également dénoncé l’attitude des autorités marocaines dans deux affaires emblématiques : l’expulsion de Mohamed HADDAOUI et la collaboration de la douane marocaine (fourniture de listings des entrées et sorties du territoire marocain) avec les autorités françaises pour entraver le versement des prestations sociales aux vieux migrants.

Malgré la tonalité négative de l’entretien, il faut insister sur le fait que M. DALAL et Mme EL OUALI nous ont donné leur carte de visite avec enthousiasme. Il est important de préciser que cette dernière est déjà intervenue favorablement dans certains dossiers ».


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