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Faisons la paix

amara.jpg Par Jean-Claude AMARA
Militant associatif
Porte-parole de Droits devant
Après de nombreuses mobilisations qui ont fait reculer le gouvernement quant à l’interdiction systématique de manifester, il importe désormais que chacune et chacun, à quelque niveau que ce soit, apporte sa contribution à l’indispensable (re)construction d’un mouvement pour la paix, comme ce fut le cas récemment lors de l’occupation de l’Afghanistan ou de l’Irak. Afin de dépasser progressivement les conséquences de l’état d’urgence, avec son cortège d’arbitraire, de brutalité, de gardes à vue, d’arrestations, d’assignations à résidence, de contrôles et de fichages tous azimuts… IL S’AGIT :
  • DE REMONTER aux causes, c’est-à-dire à cette profusion de guerres qui, depuis notamment l’épicentre du 11 septembre 2001, n’en finissent de mettre la planète à feu et à sang, d’instituer un état de terreur et de tensions permanent et de fabriquer ces bombes à retardement qui explosent aujourd’hui et se multiplieront demain.
  • DE DÉMASQUER ces fossoyeurs de paix, qui attisent et essaiment les braises des guerres, en Palestine, en Libye, en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Mali…, provoquant le massacre et l’exode de centaines de milliers de femmes, hommes et enfants dont beaucoup s’engloutissent, anonymes, dans le cimetière abyssal de la Méditerranée.
  • DE RAPPELER, partout où nous le pouvons, comment ces « néo-civilisateurs » ont relégué au rang de terres barbares, de creusets du terrorisme, ces pays qui furent des berceaux d’inventions, d’art et de lumières, de sorte que la pensée et le regard occidentaux ne résument plus ces peuples qu’à des hordes grossières, hirsutes, ignorantes et fanatiques.
  • DE SOULIGNER en majuscule combien l’humanité a pu acquérir de connaissances fondamentales grâce à des penseurs et créateurs fécondés en ces terres ancestrales, combien les mathématiques, l’astrologie, la médecine, la sculpture, l’architecture, l’écriture, l’agriculture, la poésie, la musique doivent de leur rayonnement à des esprits précurseurs, aujourd’hui jetés dans les oubliettes d’un nouvel ordre colonial.
  • DE REVISITER des pans « oubliés » de l’interminable litanie coloniale, à commencer par la barbarie franque qui, entre les onzième et treizième siècle, massacra, viola, humilia femmes et hommes, dévora (cannibalisme avéré) des enfants, pilla et détruisit les terres prospères d’un monde arabe alors à son zénith.
  • DE FAIRE COMPRENDRE combien cette barbarie, perpétuée par ceux-là mêmes qui la condamnent quand elle est le fait de « l’autre », a instillé dans les consciences musulmanes, de génération en génération, le poison de l’humiliation. Et comment des « prêcheurs professionnels », en ranimant des braises latentes, ont pu inciter à la revanche et au sacrifice ces bombes humaines conditionnées.
  • DE DÉNONCER l’insatiable avidité des faiseurs de guerres, qui feignent d’éteindre les feux qu’ils ont allumés avec des jerricanes remplis d’or noir âprement recherché, enfoui dans les entrailles de terres étrangères qu’il faut à tout prix (re)conquérir.
Et comme la faim (de conquêtes) justifie les moyens, aussi indécents soient-ils, nous assistons à l’adoubement, par ventes d’armes et contrats juteux interposés, de monarques pétroliers gavés de richesses, corrompus jusqu’à l’os, pourfendeurs des droits humains, par des roitelets occidentaux spéculant sur les bénéfices qui rétribueront leur servilité. En France, l’ineffable trio Hollande-Valls-Cazeneuve, pour tenter de justifier l’instauration d’un état d’exception sécuritaire qui se substituera progressivement à l’état de droit, s’efforce sans relâche de convaincre une opinion publique en catalepsie, rongée par la peur, que la France est en guerre. Guerre contre qui, face à un ennemi volatil, à une nébuleuse hexagonale sans territoire défini, qui porte en son sein nombre « d’enfants perdus » de la République, et qui croît sur l’amoncellement des millions de cadavres de civils musulmans palestiniens, libyens, irakiens, syriens… ? Millions de cadavres sans visage, sans identité parce qu’anéantis loin de nos frontières, hors de portée des regards, évanouis dans l’indifférence et la banalisation du pire. Millions de morts sans importance au regard des 147 victimes des attentats des 7 janvier et 13 novembre 2015, auxquelles des centaines d’hommages, parfaitement légitimes, ont été rendus, mais qui résument le gouffre du traitement médiatique et politique entre la masse virtuelle des « autres » et ceux mis en pleine lumière, parce que faisant partie des « nôtres ». Guerre pour quoi, sinon pour légitimer et amplifier un prétendu « choc des civilisations », du bien et du mal, colporté par une nuée de butors dont Bush et Netanyahou furent les fers de lance… et pour ériger progressivement et subtilement en ennemis de l’intérieur celles et ceux venus d’ailleurs qui ne voudront calquer leur identité sur la seule matrice de l’Occident. Il importe de combattre avec vigueur tous ces médias, tous ces intellos de salon « reconnus » fourbissant insidieusement, à longueur d’images et de colonnes, l’argumentaire selon lequel toutes ces guerres, ces nouvelles croisades fomentées par les puissances européennes, étatsuniennes et leurs inféodés sont le rempart indispensable à la sauvegarde des « valeurs judéo-chrétiennes ». L’exemple le plus flagrant de ce combat concerne l’inaltérable lutte menée depuis 68 ans par le peuple palestinien, lutte politique s’il en fut, contre le colonialisme, l’apartheid et les massacres répétés, pour faire appliquer le droit international bafoué par l’immunité octroyée à l’état hors sol et hors droit d’Israël, mais que celui-ci, avec la complicité active des mêmes puissances, veut à tout prix muer en guerre de religion. D’aucuns jugeront la situation désespérée. Néanmoins, et des pages entières de l’histoire des luttes contre la guerre et le colonialisme le montrent, il n’y a pas de fatalité dès lors que nos mobilisations se construisent en vue de rassembler, d’élargir, d’essaimer et de convaincre les citoyen(ne)s de France, aujourd’hui contaminés par le poison de l’angoisse et la propagande du bellicisme. Il s’agit de ne pas seulement se mobiliser « contre » la guerre, de n’être que des anti-guerre, mais de revendiquer haut et clair notre volonté de combattre « pour » la paix, d’être des FAISEURS DE PAIX.
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