4 Janvier 2009
Droits devant !!
Le 4 Janvier 2009.
Mercredi 7 janvier, à Bamako, le gouvernement français, pour la
4ème fois, tentera d’arracher au gouvernement malien la ratification
de l’accord dit de « réadmission », de « gestion concertée des
flux migratoires », autrement dit « d’immigration choisie ».
Cette proposition d’accord, déjà signé par 7 pays africains
(Sénégal, Gabon, Cap Vert, Bénin…), repose sur un chantage
pervers. : le gouvernement français, dans sa grande mansuétude,
accordant au docile signataire la possibilité d’exporter à minima
muscles et cerveaux vers l’hexagone pour répondre aux besoins d’un
patronat en quête permanente de main d’œuvre flexible et bon
marché.
En échange, le Consulat du Mali en France devra satisfaire à
l’obsession répressive de Sarkozy et Hortefeux en délivrant à la
police française un maximum de laissez-passer afin d’expulser du
territoire des sans-papiers maliens vivant et travaillant en France,
pour beaucoup depuis nombre d’années. Pauvre cerise sur le gâteau de
ce marchandage impudique, la régularisation de 1200 à 1500
travailleurs sans-papiers maliens, sur les 35000 à 40000 présents en
France !!
Le gouvernement malien ne peut et ne doit ratifier cet accord
léonin pour au moins deux raisons majeures :
– La délivrance accrue de ces laissez-passer enfoncera encore plus
dans la paupérisation des milliers de familles maliennes qui
survivent grâce au labeur et à l’apport financier permanent de leurs
parents sans-papiers établis en France. En outre, ceux-ci sont les
véritables acteurs du développement au Mali, les sommes envoyées
par leurs soins permettant de construire dispensaires, puits,
écoles… Et dépassant très largement les miettes octroyées par
l’Aide Publique au Développement française.
– En multipliant ces laissez-passer, le gouvernement malien se rend
complice du racket exercé depuis des décennies par l’état français
sur les travailleurs sans-papiers, encaissant, via l’URSSAF, ASSEDIC,
Caisses de retraites… les milliards d’euros de cotisations dont
aucun d’entre eux ne bénéficiera, notamment après une expulsion.
Cet accord n’est de fait que la continuité colonialiste dans
laquelle s’inscrit sans ambages le gouvernement français. Le
gouvernement malien, s’il le ratifiait, irait à l’encontre de la
population malienne qui n’en peut plus d’assister au quotidien à
l’humiliation de parents expulsés, arrivant les mains nues à
l’aéroport de Bamako, après des années de « bons et loyaux
services » rendus à l’Etat et au patronat français.
Après que des centaines de travailleurs sans-papiers maliens aient,
de haute lutte, arraché leur régularisation à Sarkozy-Hortefeux
grâce au mouvement de grève lancé le 15 avril avec la CGT et Droits
devant !!, il appartient au gouvernement malien de prolonger cette
dynamique en refusant non seulement cet accord, mais en exigeant du
gouvernement français la régularisation globale de ses compatriotes.
Comme en d’autres occasions de mobilisation, cet appel fait écho à
celui de l’Association Malienne des Expulsés (A.M.E.) avec laquelle
nous convergeons.
Quoique présenté comme impliquant « démocratiquement » deux
pays, cet accord est unilatéral, perpétuant l’hégémonie de l « ex
» colonisateur sur l’ « ex » colonisé.
Nos luttes sont, seront et resteront quant à elles bilatérales.
Droits devant !!.