Adresse : 47, rue de Dantzig – 75015 PARIS (plan)
Métro : Porte de Versailles (ligne 12) ou Porte de Vanves (ligne 13)
Tramway : Georges Brassens (ligne 3a)
Tél/Fax : 01 42 50 79 92
E-mail : administrateur@droitsdevant.org
Ils manifesteront devant
le ministère de l’Économie et des Finances
jeudi 31 mai à 14h (métro Bercy)
pour être reçus par les ministres
Pierre MOSCOVICI et Jérôme CAHUZAC
Plusieurs centaines de sans-papiers se sont présentés aux permanences fiscales organisées pour la troisième année consécutive dans un foyer de travailleurs africains et au siège de l’association Droits devant.
Nombre d’entre eux avaient reçu une déclaration pré-remplie avec leurs nom et adresse ! Le ministère du Budget et la direction générale des Finances publiques reconnaissent donc les travailleurs sans papiers, mais le gouvernement précédent a toujours refusé de les régulariser.
Nous dénonçons cette hypocrisie. En déclarant leurs revenus, les travailleurs sans papiers remplissent un devoir citoyen, ils en acceptent les obligations et ils exigent en retour que leur participation active à l’économie française et à la vie sociale soit reconnue.
C’est ce que nous expliquerons aux nouveaux ministres de l’Économie et du Budget, s’ils acceptent de recevoir une délégation du collectif « Stop au racket sur les cotisations
sociales des travailleurs sans papiers, stop à l’injustice fiscale ».
DROITS DEVANT !!
Adresse : 47, rue de Dantzig – 75015 PARIS (plan)
Métro : Porte de Versailles (ligne 12) ou Porte de Vanves (ligne 13)
Tramway : Georges Brassens (ligne 3a)
Tél/Fax : 01 42 50 79 92
E-mail : administrateur@droitsdevant.org
En déclarant ses revenus chaque année, tout résident sur le territoire national, qu’il soit français ou étranger, avec ou sans papiers, participe au fonctionnement de la société et à la solidarité.
En déclarant vos revenus, vous remplissez un devoir citoyen, vous en acceptez les obligations et vous exigez en retour que votre participation active à l’économie française et à la vie sociale soit reconnue.
Par ailleurs, cette déclaration constituera une preuve importante à fournir pour votre dossier de régularisation.
Les 23 et 24 mai 2012, des militants des organisations membres de la campagne « Stop au racket sur les cotisations sociales des travailleurs sans papiers, stop à l’injustice fiscale » vous aideront à remplir votre déclaration de revenus. Vous l’enverrez vous-même au centre des Finances publiques proche de votre domicile.
Lancée par l’association Droits devant !! en 2008, la campagne « Stop au racket sur les cotisations des travailleurs sans papiers, stop à l’injustice fiscale » réunit désormais 48 organisations. Aujourd’hui, nous rappelons son histoire, ses motivations et dressons un état des lieux de la situation des sans-papiers. Nous présentons également cinq témoignages représentatifs du parcours des sans-papiers qui vivent en France (entre 200 000 et 400 000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur).
NOS OBJECTIFS
Depuis 2008, la campagne « Stop au racket sur les cotisations des travailleurs sans papiers, stop à l’injustice fiscale » a mené des dizaines de manifestations et d’actions. Nous avons ainsi sensibilisé l’administration (URSSAF, CNAV, Pôle Emploi, direction générale des Finances publiques) et le gouvernement français (Ministère de l’Économie et des Finances, Premier Ministre), ainsi que les ambassades et consulats des pays d’origine des sans-papiers (Algérie, Burkina Faso, Cameroun, Comores, Congo, Haïti, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Sénégal, Togo, Tunisie), aux problèmes rencontrés par ces travailleurs et travailleuses. Ces mobilisations et ces rencontres officielles nous ont permis d’éviter de nombreuses expulsions, d’obtenir des régularisations et d’influer sur l’opinion publique.
Pour faire entendre la voix des sans-papiers, les collectifs de sans-papiers, associations, syndicats et partis politiques membres de la campagne occupent des lieux symboliques de l’État : centres des Finances Publiques, agences de Pôle emploi ou de l’URSSAF… Leur but ? Obtenir des rendez-vous pour faire pression sur les décideurs administratifs et politiques. Lorsque nous rencontrons le Ministère des Finances, les organismes de protection sociale ou même le cabinet du Premier Ministre, les délégations se composent toujours de sans-papiers et de soutiens.
Avec le temps, nos arguments sont entendus et troublent de plus en plus les responsables administratifs et politiques qui nous reçoivent. Les relations entre les administrations et les sans-papiers s’améliorent parfois considérablement, mais la régularisation globale reste un combat.
L’histoire des sans-papiers
En 1972, les circulaires Marcellin-Fontanet limitent pour la première fois les régularisations de travailleurs immigrés. En 1974, nouvelle étape : la France ferme ses frontières à la main-d’oeuvre étrangère (hors Union européenne).
Avant 1974, les travailleurs immigrés procédaient à des va-et-vient permanents entre leur pays d’origine et leur pays d’installation. Souvent, ils retournaient dans leur village après quelques années et étaient remplacés dans le même emploi par un membre de leur famille ou un autre habitant. Après 1974, tout change : les immigrés se voient obligés de ne plus sortir du territoire français, car ils risqueraient de ne plus pouvoir y revenir, ou de ne plus pouvoir céder leur place.
A la suite de ces évolutions, les travailleurs sans papiers rencontrent de plus en plus de difficultés pour être régularisés. Et c’est un véritable racket qui s’est institutionnalisé, pour le plus grand profit de l’Etat et du patronat français.
Comment les sans-papiers cotisent
Une forte proportion de sans-papiers travaillent de manière déclarée et paient donc des cotisations – soit sous leur vrai nom, soit sous un alias :
Les sans-papiers et les impôts
Tous les sans-papiers, qu’ils soient déclarés ou non, paient des impôts. En effet, ils contribuent, comme tout un chacun, à la principale recette fiscale de l’Etat : la TVA (131,9 milliards d’euros en 2011).
Concernant l’impôt sur le revenu, il faut distinguer 3 possibilités :
L’État français face à ses contradictions
Grâce à notre mobilisation, l’Administration fiscale reconnaît aujourd’hui l’existence de tous les sans-papiers, en leur envoyant leur déclaration de revenus. Quant aux organismes qui collectent les cotisations, ils ont admis devant nous que les sans-papiers sont spoliés de leur droit à prestations !
Au total, chaque année, l’État encaisse des centaines de millions d’euros sur le dos des sans-papiers. Pourtant, il les montre du doigt, les pourchasse, les enferme et les expulse. Pour mettre fin à cette injustice, nous réclamons la régularisation globale des sans-papiers !
Cinq sans-papiers parlent de leurs conditions de vie, de la situation de leur pays d’origine et de leur contribution à l’économie, en France comme là-bas…
Sacko, malien, cuisinier, 10 ans de cotisations
« Je suis arrivé en 2000. Depuis octobre 2002, je suis cuisinier. Auparavant, je travaillais dans le bâtiment. J’ai toujours eu des fiches de paie, grâce à ma fausse carte. En février 2008, j’ai été licencié. Avant de trouver un autre poste, je suis resté treize mois sans emploi et je n’ai reçu aucune allocation, alors que j’ai toujours payé mes cotisations – mais aussi mes impôts : 658 € en 2003, 1 018 € en 2004, 653 € en 2008.
Pourquoi refusent-ils de nous régulariser alors qu’ils prennent notre argent ? Pour moi, ce racket, c’est l’économie souterraine de l’État. Ils disent que les sans-papiers coûtent des millions au pays, mais ils ne diront jamais combien de milliards sont entrés dans les caisses grâce aux sans-papiers ! Un autre problème, c’est les reconduites à la frontière : ils se vantent de leurs chiffres (33 000 en 2011 !), mais ils ne disent jamais aux Français ce qu’ils dépensent pour nous expulser ! **
J’envoie de l’argent tous les mois à mes parents, frères, sœurs restés au pays. Cela a contribué à la construction d’une maison et de plusieurs écoles, à la réhabilitation de l’hôpital… Les écoles, les hôpitaux, les projets d’adduction d’eau… C’est la diaspora qui les finance. Les maliens expédient des fonds pour leur famille, pour la nourriture, pour les études des enfants… ***
Si l’agriculture était bien développée au Mali, si le pays était autosuffisant, ça améliorerait les choses. Le Mali est un pays continental, il n’a pas accès à la mer, tout y est cher. Et l’Organisation Mondiale du Commerce participe à notre appauvrissement. Elle nous impose les prix de nos propres produits – café, cacao, coton… Si on pouvait les vendre à des tarifs corrects, correspondant à leur valeur réelle, on n’aurait même pas besoin de venir ici ! Si le commerce mondial était bien régulé, il y aurait beaucoup moins d’immigration. Si nous sommes en France, ce n’est pas pour la belle vie. C’est par nécessité ».
* Propos recueillis au printemps 2012. Depuis, la situation globale des sans-papiers n’a malheureusement pas changé.
** Selon le projet de loi de finances 2009 du Sénat, le coût global des reconduites à la frontière atteindrait 415,2 millions d’euros, soit 20 970 euros par personne.
*** Selon la Banque Mondiale, le montant des fonds envoyés par les travailleurs émigrés dans leur pays d’origine s’élevait à 325 milliards de dollars en 2010, soit presque trois fois les sommes versées par les pays riches au titre de l’Aide Publique au Développement.
Agnès, ivoirienne, nourrice, 4 ans de cotisations
« Je garde des enfants. Je suis partie de Côte d’Ivoire en 2003 pour trouver un travail, mais aussi parce que j’ai mon premier fils ici, que je n’ai pas vu pendant 18 ans. Il est venu avec son père à l’âge de dix ans, il est français, marié à une Française et il a une petite fille.
Je suis déclarée depuis 2008, à la suite de ma régularisation pour maladie en 2007. En 2010, ils m’ont dit que j’étais guérie et que je devais quitter la France. Je suis donc redevenue sans-papiers. Pourtant, je suis toujours malade, et j’ai toujours besoin de ma ventoline. Dans mon pays, le traitement est très coûteux. Je ne peux pas me soigner là-bas, surtout sans emploi. Il n’y a pas d’assurance maladie. Si tu n’as pas d’argent, tu meurs…
Ici, je travaille, je cotise, j’ai l’assurance maladie. Mais si je suis licenciée, je n’aurai pas d’indemnités et je ne pourrai même pas payer mon loyer… Quand j’ai perdu mes papiers, j’ai tout expliqué à ma patronne et elle m’a dit qu’elle allait s’occuper de tout. Elle a rempli le formulaire CERFA et j’attends désormais que mon dossier avance à la préfecture.
Chaque mois, j’aide mes parents, frères et sœurs restés au pays. Si je perds mon travail, ce sera la catastrophe là-bas. Nous [la diaspora] sommes leur espoir. Ils prient toujours pour que notre situation s’améliore, se régularise afin qu’eux aussi puissent respirer au pays. Ils ne sont rien là-bas. Tous les jeunes sont au chômage, même ceux qui ont des diplômes. Certains tentent d’ouvrir un commerce, mais il n’y a pas de clients…».
Valentine, togolaise, femme de ménage, 3 ans de cotisations
« J’ai travaillé dans la garde d’enfants et de personnes âgées, puis dans le nettoyage. Je déclare mes impôts depuis le début et j’ai des fiches de paie depuis 2009.
Je suis partie en vacances en France en 2003, et j’ai fait un malaise. On a vu le médecin, il a demandé à la préfecture de prolonger mon séjour pour faire des analyses, mais elle a refusé. Je suis quand même restée en France et on m’a dépisté une hépatite C. Toutes mes demandes de séjour ont été rejetées : on m’a dit de revenir quand ce serait grave.
Mon salaire varie selon les mois, j’envoie de l’argent au pays quand je peux. J’ai encore un fils là-bas, qui termine ses études de commerce. Je paie sa scolarité, ses habits, son logement… Son père est décédé l’année dernière. Si je suis régularisée, j’aimerais travailler normalement, continuer à soutenir mon fils, m’associer avec lui, ouvrir un restaurant au pays, permettre à des jeunes d’y travailler… Si tout allait bien au Togo, je préférerais retourner là-bas. Mais la situation est très difficile. Si on n’a pas de parent en Europe, on n’a rien. Et le gouvernement, c’est une famille qui ne veut pas céder le pouvoir, le fils a succédé à son père… Ça n’avance pas à cause de cette dictature ».
Mohammed, algérien, maçon ferrailleur, 4 ans de cotisations
« Je suis maçon ferrailleur, j’ai des fiches de paie depuis 2005. Je suis tombé malade en 2004 – un problème de colon – et j’ai reçu ma carte dans la foulée. En 2007, ils ont considéré que j’étais guéri. J’ai perdu mes papiers, mais j’ai continué à être déclaré.
Depuis 2011, mon patron sous-traite ses chantiers pour ne pas avoir à les superviser lui-même. Du coup, il ne fait plus appel à moi… Il ne m’a pourtant pas envoyé de lettre de licenciement et il me doit de l’argent. J’ai fait un dossier d’aide juridictionnelle, car je veux l’attaquer en justice. En plus, j’ai quatre ans et demi de cotisations, mais comme je suis sans-papiers, je n’ai pas droit au chômage ! Et je déclare mes impôts depuis 2004. J’en ai même payé : 481 € en 2006 !
Je suis arrivé en 2001 avec un visa touristique. Comme beaucoup d’Algériens venus en France à cette époque, je suis resté à cause de la guerre civile, mais aussi du chômage. Ici, j’ai de l’espoir. Si on me donne des papiers, je vais peut-être créer une boîte, alors que là-bas, je suis sûr de ne rien trouver. Au pays, il faut avoir du piston. Si on ne connaît personne, on n’a rien. Ma mère et mes frères, je leur ai envoyé ce que j’ai pu. Mais ce n’est pas suffisant, car la vie est chère. Dernièrement, ils ont augmenté le Smic à 15 000 dinars, l’équivalent de 150 euros… Tu ne peux rien faire avec ça ».
Diawara, sénégalais, agent d’entretien, 8 ans de cotisations
« Je suis arrivé en 2000. Je travaille sous un alias pour soutenir ma famille au pays, que je n’ai pas vue depuis 12 ans parce que je suis sans-papiers…
Nous, on a une culture d’entraide. Si je n’avais pas quitté le Sénégal, j’aurais vu souffrir mon père et ma mère sans avoir les moyens de les soigner. En voyant leurs ordonnances, je suis content d’être resté ici. En 2009, mon fils a eu une tumeur au cerveau, à l’âge de 18 ans. J’ai tout financé : 500 000 francs CFA (800 €) pour l’opération. Il est décédé, mais je suis satisfait d’avoir pu l’aider jusqu’à son dernier jour.
J’ai travaillé 16 ans au Congo- Brazzaville. Je ne parvenais pas à m’en sortir, et j’ai pris la décision d’aller en France pour avoir une vie moins malheureuse grâce au travail. Je souhaite avoir mes papiers et mes droits parce que je me lève à 5h30, je rentre chez moi à 20h, puis je me couche… Je n’ai jamais eu un arrêt maladie, j’aime bosser, je ne veux pas la vie facile. Je ne suis pas un bandit. Je demande une seule chose : être comme tout le monde ».
Association Soutien et Information pour l’Accès aux Droits (ASIAD) – Association des Militants pour l’Intégration Totale des Immigrés (AMITI) – Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM) – Association des Marocains en France (AMF) – Association des Travailleurs Maghrébins en France (ATMF) – Association des Tunisiens en France (ATF) – Association Malienne des Expulsés (AME) – ATTAC France – Autremonde – CAPJPO – CGT Caisse des Dépôts – Collectif CGT sans-papiers Cannes – Collectif d’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) – Confédération Paysanne – Convergence des Causes – Coordination 75 des sans-papiers – Coordination 93 pour la lutte des sans-papiers – Coordination Femmes Egalité – Collectif Pour l’Avenir des Foyers (COPAF) – CSP 17e Saint Just – CSP 93 – CSP 95 – CSP Montreuil – CTSP Vitry – Droit Au Logement (DAL) – Droits devant !! – Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés (FASTI) – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) – Gauche Alternative – GISTI – Les Alternatifs – Les Verts – Lutte Ouvrière – Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) – Marches européennes contre le chômage – Mouvement des Quartiers pour la Justice Sociale (MQJS) – Nouveau Parti Anti-capitaliste (NPA) – Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) – Parti Communiste Français – Parti de Gauche – Réseau Education Sans Frontières (RESF) – Réseau Solidaire Citoyen (RESOCI) – Syndicat National Unitaire Travail-Emploi-Formation-Insertion (SNU-TEFI) – Stop Précarité – SURVIE – Union Syndicale SOLIDAIRES (SUD Travail, Solidaires Finances Publiques, Solidaires SUD Emploi)
Lire aussi :
DROITS DEVANT !!
Adresse : 47, rue de Dantzig – 75015 PARIS (plan)
Métro : Porte de Versailles (ligne 12) ou Porte de Vanves (ligne 13)
Tramway : Georges Brassens (ligne 3a)
Tél/Fax : 01 42 50 79 92
E-mail : administrateur@droitsdevant.org